VIDÉO. Assortie d’une période d’observation de deux ans, la baisse de la limitation à 80 km/h sera évaluée à son terme. D’autres mesures l’accompagnent.

Voici les principales mesures annoncées mardi par le gouvernement pour enrayer la hausse du nombre de morts sur les routes, en hausse constante depuis 2014, à l’issue d’un Conseil interministériel de sécurité routière.

LIMITATION DE VITESSE

La vitesse maximale autorisée sur les routes secondaires à double sens sans séparateur central (terre-plein, barrière), soit la quasi totalité des routes secondaires (près de 400 000 kilomètres sur le million en France), est abaissée de 90 km/h à 80 km/h.

Premier facteur de mortalité sur les routes, la vitesse « excessive ou inadaptée » était impliquée dans 32 % des accidents mortels en 2016. Le gouvernement espère avec cette mesure sauver « 350 à 400 » vies par an, soit près d’une par jour.

Le gouvernement prévoit toutefois une « clause de rendez-vous » dans deux ans pour mesurer l’efficacité de la mesure sur la mortalité routière. « Le 1er juillet 2020, on fera le bilan, je ferai le bilan, et si s’agissant du nombre de tués les résultats ne sont pas au rendez-vous, on en tirera les conséquences », a affirmé le Premier ministre Édouard Philippe.

L’exécutif prévoit aussi, à l’horizon 2021, de donner la possibilité à un conducteur contrôlé en excès de vitesse de plus de 40 km/h et faisant l’objet d’une suspension de permis de continuer à conduire, à condition de ne conduire qu’un véhicule équipé d’un contrôleur électronique de vitesse.

RECETTES BUDGÉTAIRES

Le probable surplus de recettes budgétaires lié à la mesure sur l’abaissement de la vitesse à 80 km/h ira « en intégralité » aux soins des accidentés de la route. L’État va créer un fonds dans le budget 2019, qui ira à la modernisation des structures de prise en charge.

TÉLÉPHONE

Un automobiliste qui commet une infraction routière, de nature à mettre en danger lui-même ou autrui, et avec son téléphone à la main verra son permis immédiatement retenu par les forces de l’ordre et encourra une suspension. Le téléphone au volant est impliqué dans un accident mortel sur dix. En revanche, le kit mains libres n’est pas concerné alors que c’est bien la mobilisation mentale d’une conversation téléphonique qui est la source d’une perte de vigilance à la conduite.

ALCOOL

En cas de récidive d’infraction de conduite en état alcoolique, va devenir obligatoire la pose d’un éthylotest anti-démarrage (EAD), dispositif imposant de souffler dans un ethylotest qui bloque le démarrage du véhicule si l’alcoolémie est trop élevée, assorti d’un suivi médico-psychologique.

Un conducteur dont le permis a été suspendu après un contrôle à plus de 0,8 g/l pourra toutefois continuer à conduire s’il accepte d’utiliser un véhicule équipé d’un EAD, à ses frais.

Pour lutter contre l’alcool au volant, en cause dans 29 % des accidents mortels, la vente ou mise à disposition d’éthylotests sera généralisée dans les débits de boissons ainsi qu’à proximité des rayons de boissons alcoolisées. Plus étonnant, la présence obligatoire d’un éthylotest classique à bord de voiture va être supprimée.

PIÉTONS PLUS PROTÉGÉS

Usagers les plus vulnérables, 559 piétons ont été tués en 2016, un bond de 19,4 % par rapport à 2015. Le gouvernement prévoit de punir « plus lourdement » les conducteurs qui ne respectent pas les règles de priorité des piétons, et permettre de les sanctionner sans interception, notamment par vidéoverbalisation.

Un programme est également prévu pour mieux sécuriser les abords immédiats des passages piétons en redéfinissant les emplacements de stationnement et en marquant au sol « une ligne d’effet des passages piétons jusqu’à cinq mètres en amont pour indiquer où les véhicules doivent s’arrêter ».

FORCES DE L’ORDRE

Dès la fin de l’année, les forces de l’ordre pourront temporairement « disparaître » des applications de navigation routière indiquant leur position. Ce serait en cas de contrôle d’alcoolémie et de stupéfiants, mais aussi de lutte contre le terrorisme et la criminalité. En revanche, elles ne pourront le faire pour un contrôle de vitesse. Une tentative de contrôler les informations échangées par les systèmes de géolocalisation des contrôles qui signalent tous les dangers de la route. Au prétexte de lutte contre le terrorisme et la délinquance routière, cette initiative aura sans doute du mal à s’imposer.

« Quand elles le décideront, les forces de l’ordre déclareront l’endroit où elles sont et demanderont (aux applications) que, dans cet espace-là, les signalements de leur présence faits par les membres des communautés de ce système ne +redescendent+ pas aux autres utilisateurs », a détaillé le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe.

CONDUITE « EXEMPLAIRE »

Si cela reste un projet, Édouard Philippe a annoncé une « réflexion », confiée au Conseil national de sécurité routière (CNSR) au premier semestre 2018, « pour définir s’il est opportun, et si oui, à quelles conditions, que ces conducteurs puissent voir leur bonne conduite récompensée par les pouvoirs publics ». Cela rappelle les palmes d’or de la Prévention routière, une sorte de tableau d’honneur digne de la Troisième République qu’une certaine race de conducteurs aimeraient accrocher dans leur salon. Sur quels critères cela se ferait ? 37 millions de Français possèdent leurs douze points de permis.

Sources: texte & image lepoint.fr